Sur son visage nu se fit sentir la brise
Alors que sur ses pieds, ruisselaient gouttes d'eau
Il ne put s'empêcher de penser à sa Louise
De sentir la chaleur au contact de sa peau
À tout prix il voulait l'emmener à l'église
S'imaginant déjà échanger les anneaux
Et soudain, sa vision se trouble, devient grise
Il se sort de ce rêve, le bruit le prend d'assaut
Immobile, dans la boue, piégé dans cette grotte
Son regard s'est posé sur ses pieds froids, sans bottes
Encor, dans les tranchées, il croupira demain
Paralysé d'effroi, cette pensée le bloque
Pourquoi a-t-il fallu qu'il vive à cette époque ?
À lutter pour une guerre, sachant que c'était vain
Un espion dangereux, des aventures exquises
De Cuba à Moscou, par avion ou bateau
Sur certains documents, il voulait la mainmise
Pour les gouvernements, il était un fléau
L'espion avait des meurtres, une certaine expertise
Il voyagea partout, même à Monte-Carlo
À l'aide de son costard, elles furent toutes conquises
Les dés seront jetés, s'il est au casino
Il renverse avec style les tyrans, les despotes
Il s'introduit partout, car il est polyglotte
D'appui ou de soutien, il n'a jamais besoin
Ses manières du passé parfois choquent, provoquent
Son flegme britannique vient d'une autre époque
Tel était cet espion, créé par l'écrivain
Il a quitté les siens et rompu toute emprise
Troubadour depuis peu, c'est un doux jouvenceau
Il cherche l'aventure telle qu'il l'idéalise
Il rêve de succès en longeant les châteaux
Sans remords ni regret mais avec flemmardise
Il parcourt les sentiers pour distraire les badauds
En faisant des grimaces, en contant des bêtises
Toujours accompagné de son fidèle banjo
Le menestrel chantonne à bord de sa roulotte
Il ne se soucie guère du chemin qui cahote
Lorsqu'il sent les effluves du ragoût et du pain
Arrivé au village, il entend qu'on se moque
Il se fait transpercer par un vif coup d'estoc
Et ainsi se termine son espiègle chemin
Un jeune homme attendait là sa belle promise
Pour une promenade en mer depuis Bordeaux
Le temps qui s'écoulait devenait sa hantise
Tombent à l'eau ses rêves d'explorer des îlots
Il se souvient encore de leur promesse émise
Dans un jardin rempli de roses et de moineaux
Une rencontre qui lie deux âmes conquises
Lorsque des inconnus finissent tourtereaux
Pas une journée sans envoi de douces notes
Échanges passionnés d'aventures sur la flotte
Imaginer ensemble une vie de marin
Longtemps attendu pour ses ambitions loufoques
Attendant son amante pour que tout débloque
Ignorant que son âme s'est éteinte en chemin
Le pianiste qui joue chante ses vocalises
Pour laisser sa musique apaiser le chaos
Le bruit du métronome exerce son emprise
Et la salle paraît démunie de ses mots
L'instrument envoûté par la musique émise
Où les mains du pianiste enivrent le morceau
Une sensible enfant que l'air joué enlise
Elle se retenait d'éclater en sanglots
Le musicien perdu dans la suite de notes
Introduit l'instant fort où le dénouement flotte
Lorsque le son final imite à tort Chopin
L'étudiant loin de lui le regarde et se moque
Il riait si fort de l'artiste qu'il provoque
On le dévisageait, ce malheureux pantin