SoNnETs

Sonnet de Zacharie PAIN

Sur son visage nu se fit sentir la brise

Alors que sur ses pieds, ruisselaient gouttes d'eau

Il ne put s'empêcher de penser à sa Louise

De sentir la chaleur au contact de sa peau


À tout prix il voulait l'emmener à l'église

S'imaginant déjà échanger les anneaux

Et soudain, sa vision se trouble, devient grise

Il se sort de ce rêve, le bruit le prend d'assaut


Immobile, dans la boue, piégé dans cette grotte

Son regard s'est posé sur ses pieds froids, sans bottes

Encor, dans les tranchées, il croupira demain


Paralysé d'effroi, cette pensée le bloque

Pourquoi a-t-il fallu qu'il vive à cette époque ?

À lutter pour une guerre, sachant que c'était vain

Sonnet de Valentin GAURIAT

Un espion dangereux, des aventures exquises

De Cuba à Moscou, par avion ou bateau

Sur certains documents, il voulait la mainmise

Pour les gouvernements, il était un fléau


L'espion avait des meurtres, une certaine expertise

Il voyagea partout, même à Monte-Carlo

À l'aide de son costard, elles furent toutes conquises

Les dés seront jetés, s'il est au casino


Il renverse avec style les tyrans, les despotes

Il s'introduit partout, car il est polyglotte

D'appui ou de soutien, il n'a jamais besoin


Ses manières du passé parfois choquent, provoquent

Son flegme britannique vient d'une autre époque

Tel était cet espion, créé par l'écrivain


Sonnet de Romane MORICE

Il a quitté les siens et rompu toute emprise

Troubadour depuis peu, c'est un doux jouvenceau

Il cherche l'aventure telle qu'il l'idéalise

Il rêve de succès en longeant les châteaux


Sans remords ni regret mais avec flemmardise

Il parcourt les sentiers pour distraire les badauds

En faisant des grimaces, en contant des bêtises

Toujours accompagné de son fidèle banjo


Le menestrel chantonne à bord de sa roulotte

Il ne se soucie guère du chemin qui cahote

Lorsqu'il sent les effluves du ragoût et du pain


Arrivé au village, il entend qu'on se moque

Il se fait transpercer par un vif coup d'estoc

Et ainsi se termine son espiègle chemin


Sonnet de Mélodie KOUY

Un jeune homme attendait là sa belle promise

Pour une promenade en mer depuis Bordeaux

Le temps qui s'écoulait devenait sa hantise

Tombent à l'eau ses rêves d'explorer des îlots


Il se souvient encore de leur promesse émise

Dans un jardin rempli de roses et de moineaux

Une rencontre qui lie deux âmes conquises

Lorsque des inconnus finissent tourtereaux


Pas une journée sans envoi de douces notes

Échanges passionnés d'aventures sur la flotte

Imaginer ensemble une vie de marin


Longtemps attendu pour ses ambitions loufoques

Attendant son amante pour que tout débloque

Ignorant que son âme s'est éteinte en chemin


Sonnet de Camille LANGLAIS

Le pianiste qui joue chante ses vocalises

Pour laisser sa musique apaiser le chaos

Le bruit du métronome exerce son emprise

Et la salle paraît démunie de ses mots


L'instrument envoûté par la musique émise

Où les mains du pianiste enivrent le morceau

Une sensible enfant que l'air joué enlise

Elle se retenait d'éclater en sanglots


Le musicien perdu dans la suite de notes

Introduit l'instant fort où le dénouement flotte

Lorsque le son final imite à tort Chopin


L'étudiant loin de lui le regarde et se moque

Il riait si fort de l'artiste qu'il provoque

On le dévisageait, ce malheureux pantin